avr 032012
 

Que s’est-il passé ?! Voila la question à laquelle je vais tenter de répondre avec les moyens dont je disposerai sans les 6 semaines à venir, avant de m’attaquer aux Aventuriers du Bout de la Drôme. Petit retour sur cette course, qui s’inscrit dans une mauvaise série…

Une matinée idéale !

Tout allait bien samedi matin lorsque j’ai rejoint l’étang de la base nautique de St Quentin en Yvelines. Avec ce temps radieux, je suis volontairement arrivé assez tôt dans le but de faire un soupçon de bronzette avant la course. Un moyen idéal d’évacuer le soupçon de stress de la semaine, des transports (et j’en passe…). L’objectif est totalement atteint : après avoir été accueilli par divers animaux (lions, lama,…) du cirque Zavatta qui s’etait établi à l’entrée de la base nautique, j’ai pu prendre un bain de soleil d’une trentaine de minutes avant l’arrivée de mes premiers co-équipiers. Greg, Stéphanie, Olivier, et toute la clique de la SG me rejoint bientôt. L’ambiance est très détendue, et globalement nous commençons à être rodés sur ce genre de distance. La course se présente donc sous les meilleurs hospices !

La Runnosphère en force !

Un petit tour du côté de la zone de départ. Je retrouve Philippe et Maya, accompagné d’un acolyte coiffé en Tour Eiffel (crâne rasé sauf sur le sommet, où la tonsure dessinait le monument). Excellent ! Malheureusement je n’ai pas pris de photo… Tout le monde a l’air en super forme. Seule la chaleur provoque quelques inquiétudes. Pour la part je me dis simplement que ce n’est qu’une affaire de 2h environ le temps de rentrer dans la forêt, et de bien s’hydrater en attendant.

GO pour 10h de yoyo dans les forêts du sud-ouest parisien !

Un train d’enfer

Le temps de remplir les camelbaks, et c’est parti ! Le 1er ravitaillement est à 22km, soit un bon morceau qui va se passer essentiellement au soleil. Ça tape, nous suons à grosses gouttes, mais malgré tout, nous tenons un bon rythme à 11km/h.
Dans ma poche à eau j’ai ajouté mon mélange habituel de sucre, sel et bicarbonate de sodium. Il est un tout petit peu trop sucré, mais je le supporte bien. Je serai juste content de passer à l’eau clair au ravitaillement ! En arrivant au 15è nous commençons à sentir que le rythme s’imprime correctement : une légère fatigue arrive  globalement, mais rien de méchant. les changements de rythme avec l’arrivée des 1ère bosses vont nous changer les idées et nous permettre de gagner un second souffle.

Pas de temps mort

Et assez rapidement nous voici arrivés à Buc. Un ravitaillement éclair selon notre stratégie : sauf pépin, on prend la bouteille, on la vide dans la poche à eau, et on repart immédiatement pour ne pas se refroidir ni s’engourdir. Je trouve cela idéal : de toute façon je ne ressens pas de gain à m’arrêter 10 min plutôt que 5, ou alors c’est que j’ai besoin d’un vrai break d’au moins 30min ! C’est d’ailleurs une stratégie dont on entend souvent parler ces derniers temps dans la presse spécialisée.

Bref nous repartons. Je suis toujours dans le rythme pendant encore 10km.  Arrivé à 3 y de course néanmoins

Je ressens un petit coup de mou, du fait probablement de l’allure soutenue du début qui me fait ressentir un peu le « mur » des 3h. Je laisse les autres me prendre une encablure, je les retrouverai au prochain ravitaillement au pire. Je prends un petit gel Mulebar. Il est très chaud pour avoir été dans une poche de mon cuissard : du coup très liquide et il passe très facilement, accompagné de quelques gorgées d’eau. Ma stratégie de ravitaillement (ou plutôt celle de djailla !) semble fonctionner à merveille ! Rapidement je repars. Je me bride un peu et reste derrière la joëllette. Soit dit en passant, ils avancent à une allure pas du tout ridicule ! Je découvrirai plus tard qu’il s’agit des Pompiers Raid Aventure, qui préparent juste le Grand Raid de la Réunion en joëllette… Une fois un passage un peu chaotique, je reprends tout doucement un rythme un peu plus élevé et relance légèrement.

Descente éclair

C’est ici que commence l’ignoble tiraillement. D’un côté je n’imagine même pas l’abandon : d’un autre je sens bien que je ne suis plus dans le coup. Je crois Julien N, un des nombreux supporters de l’UA Société Générale qui est venu nous voir. Il m’encourage chaleureusement, ça fait toujours plaisir ! Malheureusement ce ne sera pas suffisant. Il était en bas de la côte qui aura eu raison de moi. Je l’entreprend en marchant, comme de bien entendu. Mais rapidement même la marche devient très pénible, je n’arrive pas à aligner un pied devant l’autre. Par moment je me sens même légèrement étourdi. Pas un vrai malaise, franc, mais je suis déboussolé, je sens que je ne marche pas très droit. Je poursuis néanmoins. Je me pose un peu sur le côté. Je me fais doubler par d’innombrables coureurs, dont des UASG. Ils me demandent s’il y a un problème : je leur réponds qu’il n’y en a pas un particulièrement (sous-entendu : c’est l’ensemble qui est un problème…)

J’ai été particulièrement décontenancé par la brutalité avec laquelle j’ai ressenti l’épuisement. Pas juste la fatigue d’avoir couru 42km : si nous avons eu l’impression de partir « vite », ce n’est que très relativement au regard de la distance. Nous avons été notamment très prudents (presque « binaires ») sur les sections en côte, et au moindre petit faux-plat, nous nous sommes mis à marcher. Par ailleurs, mais je n’avais pas la clarté d’esprit nécessaire sur le moment, j’ai été sourd à quelques signes avant-coureurs que je détaillerai juste après.

Toujours est-il que le corps ne suit plus du tout. Au bout d’un moment, je finis également par ressentir une gêne digestive. Je vous ferai grâce des détails, mais toujours est-il que la nausée fulgurante qui m’a projeté sur le bas côté aura eu raison du peu de combativité qui restait. En arrivant dans les hauteurs de Meudon, c’est fini, j’appelle mon père, qui viendra me chercher. J’appelle également l’organisation pour prévenir de mon abandon. Je laisse ainsi filer un maillot de finisher (mais bon, mon tiroir est plein ;) ) et 2 points UTMB.

Epilogue – Une journée pleine de rebondissements

Il se trouve que mon père était à l’observatoire en train de prendre quelques photos. Il m’a donc rejoint très vite, et ramené à Issy les Moul’ chez eux. Là, un coca, une petite tartine de kiri, et quelques grignoteries légères me remettent tout doucement en selle. Ma mère propose de me ramener chez moi en voiture, avec halte à la consigne pour récupérer mon sac.

Y’a pas que moi qui suis crevé

Sur le trajet, juste avant la Tour Eiffel, un léger écart de la voiture nous fait heurter un trottoir. Manquait plus que ça : le pneu n’aura pas résisté et a éclaté. Une entaille de près de 10cm ! Heureusement que ça va mieux ! Je remplace la roue, opération qui me prend une trentaine de minutes. Avant de remonter en voiture, je jette un oeil à mon iPhone (qui était resté sur la page du suivi live), et là je vois que les copains sont en train d’arriver ! Matthieu, Steph, Will, Philippe,…

Allez m’sieur, vous r’prendrez bien un p’tit kil ?

Ma mère finit de m’amener à la Tour Eiffel, et là je vois une ambiance digne d’une soirée de la Star Ac’ ! J’embrasse ma mère et lui dis de rentrer tranquillement à la maison. J’appelle Will qui me dit n’être qu’à 4km environ de l’arrivée. Je remonte un peu les coureurs, m’arrête auprès d’un bénévole. Etant encore en tenue, je me dis que ce serait sympa tout de même de grimper à la Tour Eiffel ! Il me dit de tenter, qu’après tout il n’y a pas de raison. Je continue à remonter les coureurs. Chose très amusante : beaucoup me félicitent, pensant probablement que j’ai déjà franchi la ligne et que je vais encourager les copains à la traîne. S’ils savaient…

Will s’étant blessé au dernier ravito, j’ai vu tout le monde, félicité, encouragé pour les derniers hectomètres, tout le monde surpris de me voir à cet endroit (et pour cause !), et j’ai retrouvé mon habituel compagnon de course, mi-figue mi-raison, partagé entre la perspective d’un chrono très largement au-delà de nos espérances, et la déception d’avoir dû finir 10km en marchant. Effectivement, nous montons la Tour Eiffel ensemble. Je n’aurai donc pas tout perdu ! Mais l’euphorie de l’arrivée n’était pas là…

Sur le retour, je recroise Philippe, qui me confiera plus tard ne même pas s’être rappelé m’avoir croisé AVANT l’arrivée, dire à quel point ce genre d’épreuves déconnecte l’esprit !

Post-Epilogue – Où les communautés me viennent en aide !

Grâce à un club très dynamique (l’UASG) et à une communauté de coureurs de plus en plus affûtés (la Runnosphère), je suis aujourd’hui en mesure de cibler un peu ce qui m’est arrivé. La question était sur toute les lèvres autour de moi, et j’étais fou de ne pouvoir y répondre !

Revenons un peu en arrière. J’ai commencé la journée par une sieste au bord de l’étant de SQY, au soleil. J’ai ensuite comme tout le monde patienté en attendant le départ, puis couru une bonne dizaine de km à découvert. Soit entre 3h et 4h en plein soleil de printemps, sans vent. Ceci m’aurait causé un début d’insolation, ou plus exactement un coup de chaleur. Le rythme légèrement soutenu du débout de la course n’aurait pas permis à ma température corporelle de redescendre suffisamment, et au bout d’un moment, le corps disjoncte. On en ressens les symptômes décris dans cet excellent article. J’ai ressenti une partie des symptômes décrits, à différents degrés (souvent sans y prêter attention). Rétrospectivement, il est évident que c’est ce qui m’est arrivé. Néanmoins, sur place, ce n’était pas évident. J’avais surtout écarté cette hypothèse parce que je me suis senti mal après un long passage à l’ombre. Mais malgré tout, j’ai parcouru l’équivalent d’un marathon, et l’air de rien, quand il y a un grain de sable dans le rouage, après 6h20, ça grippe !

Insolation donc. Et le bon côté des choses, c’est que cela m’explique également un phénomène que j’avais ressenti il y a 1 an dans la Drôme, un jour où j’étais allé courir dans les Ubacs. Mêmes symptômes, bizarres, que j’avais mis sur le compte du mistral et de mes ravitaillements.

Bon, et alors, après ?

Ben alors après, je ne peux pas dire que je sois confiant… Mais je vais y aller quand même ! Prochaine étape, les Aventuriers du Bout de la Drôme, pour 3 points à l’UTMB en cas de réussite ! Et ce sera l’occasion de poursuivre mes étapes de minimaliste, puisque c’est avec une chaussure particulièrement légère que je m’engagerai : l’Inov8 Roclite 285. Mais je vous la décrirai dans un prochain article !

Mais en attendant, j’ai pris une bonne semaine de repos, et commence tout juste à recourir… pieds nus, bien entendu !

  8 Responses to “Mon 1er abandon : Ecotrail 2012”

  1. Même si tu m’avais déjà relaté une bonne partie de ce que je viens de lire, je suis déçu pour toi que cet abandon s’explique de cette façon là. C’est un peu rageant, mais au moins ça s’explique et tu feras probablement bien plus attention la prochaine fois dans un tel contexte. Quoiqu’il en soit c’est sympa que tu aies pu revenir participer à la fête avec tes amis !

  2. D’un côté c’est rageant, d’un autre je me dis avec cet éclairage que je dois avoir une sensibilité un peu particulière au soleil, puisque cela me serait déjà arrivé.
    L’essentiel est de cerner le problème : il n’est pas très compliqué de s’en prémunir.

    On fera mieux la prochaine fois :)

  3. tiens… un copain d’abandon !

    Ca fait quoi de passer les marches de la tour eiffel sachant que tu as loupé un peu moins de la moitié du parcours ?
    Pas facile que de se battre avec une insolation, et surtout de la prévenir. J’espère pour toi que cela ne se reproduira pas prochainement.

    • Ca fait…
      Un croque-madame sans oeuf ?
      Un oeuf sans le jaune ?
      Un repas sans fromage ?
      Un cheescake sans coulis de fruits rouge ?
      Une tartines ans Nutella ?
      Un tarif « mi-couple » dans le TGV ?
      Clyde sans Bonnie ?
      De l’eau de mer pas salée ?
      Une sortie sans chaussures ?

  4. Ton article est interessant. C’est bien d’avoir rapidement pu mettre une raison sur cet abandon, ca te permetrras de tourner le page plus rapidement.
    En tout cas, le soleil aura fait mal à beaucoup de monde, je me suis senti revivre lorsque les temperatures ont commencé à baisser…

    Bon courage pour ta prochaine course qui va vite arriver. :)

  5. Eh bien au moins on sait ! j’ai bien ri à la lecture de mes exploits « pneumatiques »… de toutes façons il fallait changer le train avant, mais quand même !!

    La lecture de l’article que tu signales n’est pas du tout rassurante quand on voit les conséquences possibles d’une insolation… brrrr….

    Alors je ne vais pas jouer les « mères poules » mais tout de même : sois prudent, et bon courage pour tes futurs exploits, nous sommes admiratifs !

  6. C’est dingue cette histoire d’insolation ! On s’y attend pas.
    Et pourtant tu avais l’air en forme au départ !

  7. L’abandon n’est pas forcément un échec.
    Tu as désormais une explication à ce grand coup de mou. Et cela te servira par la suite.
    Ton expérience de course s’en trouve désormais grandie !!

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