nov 182011
 

Ceux qui me suvent sur Twitter ou qui me côtoient ont déjà pu noter mon attrait pour la course à pied minimaliste.

Dans cet article, je vais tenter de vous présenter, à travers mon prisme, cette approche pleine de paradoxe.

Qu’est-ce que le minimalisme

Il ne s’agit pas d’un courant spécifique à la course à pied. Il s’agit d’un style de vie épuré du superflu, pour libérer l’eprit et le corps de ce qui ne nous est pas nécessaire. Si le zen vous est étrangé, je vous invite à consulter les quelques ressources que j’indique au bas de l’article.

En matière de course à pied, le minimalisme fait référence à un point bien précis : les chaussures, et plus précisément à leur amorti. Le postulat est le suivant :

  • L’homme, comme toute espèce animale, a toujours couru.

  • A l’échelle de l’évolution, le temps où courir pour fuir la menace ou chercher de quoi subsister est très récent : notre morphologie est donc toujours adaptée à ce mode de vie.

  • En revanche les chassures avec amorti datent des années 1950.

Comment faisait-on avant ? Comment font encore aujourd’hui les gens qui grandissent sans chaussures ?

Autres questions plus dérangeantes : pourquoi, malgré toute les avancées technologiques, observe-t-on aujourd’hui qu’1 coureur sur 3 est contraint de s’arrêter au moins 1 fois dans l’année pour cause de blessure ? Bref, y a-t-il réellement un intérêt à l’amorti que nous vendent les grandes compagnies ?

Et enfin (et c’est ma préférée) : le corps humain est-il si mal conçu que nous sommes des bipèdes incapables d’exploiter notre station verticale sans l’aide d’artifices ?

Pourquoi je m’inscris dans ce courant

J’ai découvert le minimalisme lorsque les Vibram FiveFingers sont arrivées en France, il y a eniron 1 an et demi. Etant un peu geek, à l’esprit scientifique, j’ai cherché à comprendre le pourquoi du comment de cette démarche. J’ai découvert Daniel Liebermann (soyons clair : je le considère d’abord comme un business man et n’aime pas du tout son approche « évangéliste »), et les diffrérentes études qui avaient commencé à voir le jour. Quelques arguments ont fait mouche (cf ses vidéos sur l’analyse de l’impact de la jambe à la réception lors de la course). D’autres, y compris en France, auront suivi (voir l’étude de la foulée minimaliste faite avec l’aide de David Leurion, podologue de son état). J’ai donc commencé croire en les avantages du minimalisme et me suis lancé, en FiveFingers.

Je me suis d’ailleurs jeté, à corps perdu, de manière déraisonnée : d’une pratique assidue en chaussure classiques, j’ai entamé presque tout de suite des courses en montagne de 15km environ, sur chemins assez pierreux. Les premières douleurs sont arrivées au bout de 3 semaines. J’ai un peu persisté, ne connaissant pas les risques encourus, jusqu’à ne plus supporter les douleurs que j’avais dans les pieds. Verdict : fracture de fatigue sur le pied gauche, au 2è métatarsien. J’ai eu plus de chance que d’autres : la blessure est restée relativement soft, et j’ai pu continuer à courir avec mes Asics GT2140. Je me suis blessé début août, et j’ai même pu attaquer une préparation marathon partir de début septembre, m’amenant à mon 1er marathon à Nice.

J’ai poursuivi ainsi 9 mois 100% amorti, écopant au passage une périostite (vous voyez que je grossis les statistiques des coureurs blessés). Entre temps, j’ai lu Born To Run (Chris McDougall), et j’ai acheté The Barefoot Running Handbook (Jason Robillard), et ai commencé au mois de mai quelques exercices pour « délier » me pieds. Au mois de juin 2011, j’effectue ma première sortie pieds nus : 800m sur le bd Beaumarchais, au milieu d’une petite sortie de 10km chaussés. Tout s’est très bien passé, et aujourd’hui, avec ce même principe, je poursuis ma transition, très progressive, se basant pour l’instant principalement sur le barefooting.

Comment je m’entraîne

Mon approche n’est pas très conventionnelle et m’a valu les foudres d’autres coureurs sur le site de la Barefoot Runner’s Society. Néanmoins je m’en sors très ben, et mes performances (au moins en terme de distance et de volume d’entraînement) sont à la hauteur de ce que j’espérais.

La littérature préconise en effet de rompre avec nos anciennes pratiques, et de se mettre directement au minimalisme, idéalement via le barefooting pour avoir les sensations les plus épurées possibles, en réapprenant à courir. Cette méthode est très probalement la plus efficace dans la mesure où elle permet une immersion dans la technique de course minimaliste sans « distractions » ou autre pratique remettant les mauvaises habitudes en place.

Mais j’y vois un inconvénient majeur, du moins me connaissant : la frustraton. Dans l’année précédent le début de ma transition, j’ai couru mon 1er marathon et mon 1er ultra. Retomber à un volume d’entraînement très faible n’était donc pas envisageable pour moi. Le risque principal en effet est de brûler les étapes et de vouloir en faire trop, trop tôt (« Too much too soon »). L’alternative : conserver le même volume, et introduire progressivement le minimalisme. En revanche j’ai préféré m’écarter des chaussures considérées comme « transitionnelles » : d’après moi, les « entre deux » ne me semblent pas pouvoir aboutir à un bon résultat…

Les paradoxes du minimalisme

Je parle en introduction de paradoxe. Le fait est que l’approche minimaliste de la course à pied ne touche qu’un point bien précis : les pieds. Lorsqu’on parle minimalisme en matière de course à pied, il s’agit bien souvent de s’affranchir du carcan des chaussures, et notamment de l’amorti qu’elles comportent généralement. En revanche le minimalisme s’arrête là : si les « coussins » des chaussures sont bannis, le coureur s’équipera toujours d’un cardio, d’un GPS, d’un smartphone avec l’application de tracking ad hoc, de barres et gels énergétiques, des vêtements toujours adaptés au plux près (allant du short aux manchons de compression en passant par le cuissard, 3/4, cuissard long selon la température, humidité etc…) Bref, il n’y a qu’à se promener chez le premier détaillant sportif pour se rendre compte qu’outre es chaussures, le concept de « pour courir il faut juste un short et une paire de running » est bien derrière nous. Il n’en va pas différemment pour nous autres minimalistes !

Un autre paradoxe concerne les blessures. Si j’ai d’emblée ressenti les bienfaits à travers une fatigue grandement atténuée au niveau du dos, et même des genoux, on ne peut pas réellement dire que le risque de blessure est moins grand. Il suffit en effet de considérer les risques de la transition (risques vérifiés dans mon cas par la fracture de fatigue du 2ème métatarsien). En clair, on ne se blesse pas de la même manière.

Chaussures minimalistes

Là encore je ne vais pas tenter de me substituer à la littérature existante et faire un inventaire de ce qu existe. Fred Brossard a publié un excellent guide via Jogging International (Nov. 2011), et Chritian Harberts a publié un aide mémoire du coureur pieds nus. Voici en tous cas ce avec quoi je cours, et j’aurai l’occasion de revenir plus en détails sur ces chaussures :

  • Vibram FiveFingers : c’est avec celles-ci que j’ai commencé. C’est aussi avec celles-ci que je me suis blessé. Néanmoins, de bonnes chausures !

  • Pieds nus, tout simplement : c’est l’objet de ma 2ème tentative de minimalisme, et c’est encore ce qui fonctionne le mieux ! A la question « mais… ça ne fait pas mal aux pieds ? » La réponse est : si, bien entendu, et c’est justement le fusible qui évite de se blesser vraiment. Ma première « sortie » pieds nus a duré 800m et s’est soldé avec une petite ampoule. A l’heure où j’écris cet article, je suis assez serrein sur la Corrida de Noël d’issy les Moulineaux, soit 10km.

  • Les Huaraches : il s’agit de sandales que tout lecteur de « Born To Run » connait parfaitement. Elles sont constituées d’une fine semelle de 4mm, et d’un simple lacet de cuir. Encore plus que les Vibram, il s’agit donc d’une simple « couche d’abstraction » pour vaincre les terrains un peu trop revêches. C’est aujourd’hui, après les pieds nus, ma monture de prédilection.

  • Les NewFeel Many : oui, il s’agit bien des petites baskets Décathlon à 10€. Leur principal avantage est leur aspect « passe partout ». Je les utilise bien entendu sans la semelle intérieure, et elles remplissent parfaitement leur office !

En conclusion, je ne saurai que trop remercier la communauté des bloggers (francophones, principalement), tournés vers le minimalisme (Fred Brossard d’abord sur Wanarun, Christian Harberts) qui m’ont éclairé plus ou moins à leur insu dans l’aventure du minimalisme !

Ressources

zenhabbits
mnmlst

Up in the air
: G Clooney, alias Ryan Bingham, y fait un discours sur le style de vie minimaliste
Barefoot Runner’s Society, un forum francophone dédié au barefooting et au minimalisme

  One Response to “Mon approche du minimalisme”

  1. My pleasure :) just out of curiosity (and for further improvements) : are you reading in french, or translating via google translate or whatsoever ?

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