fév 142012
 

On a déjà beaucoup écrit sur les Brooks Pure, à tel point que je me suis décidé à remplacer mes Asics GT2150 hors d’âge (1300km+, pensez donc !) par cette gamme. Je ne vous ferai pas donc un article « technique » sur ces chaussures, mais vous inviterai plutôt consulter ce qui existe déjà. Et s’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait bien entendu l’excellent article de Fred Brossard sur Runners.fr
Pour ma part, je les utilise depuis 1 semaine, et ne les ai pas épargnées ! VMA courte, VMA longue, sortie mi-longue avec séance d’escaliers à Montmartre, sortie (très) longue… Elles en ont vu de toute les couleurs !
Je vous propose mon ressenti sur cette paire, en 5 questions !

Les Pure Connect sont-elles des chaussures minimalistes ?

Clairement, de mon point de vue, la réponse est non. Mais n’allons pas trop vite ! Lorsqu’on enfile ces chaussures, la position est frappante : on a l’impression que le talon a été creusé avec une cuiller à glace. Du coup au lieu de sentir son pied « à plat », on se sent comme si on était debout face à une pente, les orteils surélevés par rapport au talon. Bien entendu tout ceci n’est qu’une illusion. Malgré tout on n’a pas du tout l’impression d’avoir le talon directement sur le sol, mais sur une mousse assez souple et confortable, rassurante donc.
Tout ceci entraine naturellement le coureur à ne pas talonner. Dès que l’on se met en mouvement, on est incité par la forme presque convexe de la semelle à poser en premier le médio-pied. L’amorti sur la moitié avant de la semelle forme une couche « d’abstraction » du terrain très présente. Très loin de la sensation pieds nus, on ne sent absolument pas le relief du sol. Tout ceci m’incite à penser que le modèle trail doit être particulièrement intéressant !

A quoi servent de telles chaussures ?

Ok donc ce ne sont pas des minimalistes, mais on ne talonne pas. De mon point de vue ces chaussures sont typiquement les chaussures de transition qui vont permettre de passer d’une chaussure avec un gros amorti à un modèle comme les Saucony Hattori ou Merrell trail glove, ce que j’ai tendance à appeler les « minimalistes + » (avec une semelle fine, sans amorti à proprement parler, mais où le pied est mieux protégé des aspérités qu’avec des Vibram FiveFingers ou des Huaraches).
Pour quelqu’un comme moi qui a déjà largement franchi le pas du minimalisme complet, ces chaussures s’inscrivent comme un complément pour pouvoir en confiance aborder les séances exigeantes (séances VMA, sorties longues >1h30). En effet, l’arche du pied est bien protégée et le tarse est largement secondé par la structure de la semelle : de fait lorsqu’on pousse, on ne fait pas autant souffrir les méta-tarsiens (notamment le 2è et le 3è) que lorsqu’on est pieds nus. De même l’amorti de l’avant de la semelle absorbe une grande partie de l’onde de choc.
Nonobstant cet aspect très protecteur de la chaussure, le travail musculaire reste intact : on sent bien les muscles du pieds travailler simplement parce qu’on ne se repose pas sur le talon ! De même les mollets, tendons d’Achille gardent toute leur fonction, et le travail de renforcement indispensable à une bonne transition minimaliste est entièrement préservé. Enfin, sur la technique minimaliste, on peut travailler pas mal de choses, notamment les descentes, où il n’est pas du tout trivial de rester sur l’avant pied !

Comment bien les utiliser ?

Si comme moi vous êtes dans une optique de transition minimaliste, voici mes conseils pour bien tirer parti de cette gamme :
* Laissez-vous guider par la forme des semelles, notamment en les apprivoisant à faible allure (10km/h max). Cela va permettre de bien sentir le positionnement naturel à adopter dans le cadre d’une foulée minimaliste.
* Peu à peu, placez de petites accélérations, courtes et bien espacées. Entre 2, prendre le temps d’analyser dans votre tête la façon qu’a eu votre foulée d’évoluer avec la vitesse.
* Autant que possible essayer de reproduire la même foulée à allure soutenue qu’à faible allure. Pour ce faire, comme toujours, privilégier l’augmentation de la cadence à l’allongement de la foulée.
* Rappelez-vous les conseils des barefooteux : penser au lever du pied et non à l’attaque. La phase où le pied est en contact avec le sol doit être silencieuse. Le bruit de l’impact doit être minimum, et pas de bruit de frottement, ni à la pose ni lorsque le pied quitte le sol (on ne pousse pas avec les orteils !). Cela s’obtient en faisant attention au moment précis où le pied quitte le sol. Les exercices de montée de genoux sont très utiles !
* Lorsque vous soulevez le pied du sol, le releveur (ce muscle juste devant le tibia, légèrement à l’extérieur de la jambe) doit être détendu. On soulève le pied avec la jambe : ce n’est pas l’impulsion du pied qui fait repartir la jambe. Ainsi le pied et le mollet ne seront pas raides lorsqu’ils se poseront à nouveau sur le sol, et ce moment se fera tout en douceur.
Ces exercices vous permettront de travailler autant la technique que le renforcement de la chaîne.

Et quand les muscles fatiguent ?

C’est l’autre intérêt de ces chaussures : être tolérantes. Un barefooteur en phase de transition comme moi aura du mal à rester vraiment sur l’avant pied lorsque la situation se dégrade : forte descente imprévue, fin de séance VMA (vous savez, le dernier 100m d’une séance de 300m, où l’on débranche le cerveau et où on ne contrôle plus rien !), passage très technique (champ de pierre), les exemples sont légion. En ce cas, contrairement à une situation très proche du pieds-nus, et même si c’est pas bien et que les puristes hurleront, on pourra s’autoriser de manière très passagère (sur 50m) à talonner.
Cela dit, en fin de sortie >30km après juste 1 semaine d’adoption, la foulée sur l’avant-pied se supporte très bien, et on se surprend même à monter très facilement les côtes, tant la position sur le plat est similaire !

Alors, rendez-vous dans 1000km pour une autre paire ?

Eh bien non, probablement pas ! Du moins pas la version routière. Comme vous l’aurez compris, je suis enchanté de cette paire de chaussures : néanmoins je ne l’envisage que dans un cadre transitionnel. Il se trouve que météo hivernale aidant, j’ai beaucoup ralenti la course pieds nus cette semaine. Mais je compte bien réserver ces chaussures à un usage très marginale pour les 2 situations évoquées plus haut (VMA courte et sortie très longue). A l’issue de cette phase de transition, je pense que je courrai tout ce qui se fait sur bitume soit pieds nus, soit en véritable minimaliste (VFF ou huarache).

Les Pure Connect peuvent en tous cas séduire légions de coureurs, qui sont déjà habitués par la foulée sur l’avant-pied ou qui recherchent les bénéfices du minimalisme sans pour autant vouloir d’une approche trop radicale. Cette 2è catégorie trouvera assurément son bonheur ! Ajouts à cela que la chaussure est particulièrement confortable, avec un chaussant très bien étudié…

Quant au trail… c’est un peu différent : je me vois mal aborder un champ de pierre en huarache voire pieds nus ! Et même si on peut s’y préparer (j’en suis convaincu), je suis peut-être un peu trop parisien pour avoir l’espoir de m’endurcir suffisamment ! Je me tournerai donc probablement à terme soit veres une paire de Brooks PureGrit, ou peut-être des Inov8. Ou me laisserai-je attirer par les sirènes de la nouvelle Salomon Sense ?

Affaire à suivre !

  4 Responses to “Les Brooks Pure Connect en 5 questions”

  1. toi qui à l’habitude de courir sans rien, pourquoi ne pas avoir fait un choix plus minimaliste avec les Hattori par exemple ?
    il faut que je regarde de plus près cette gamme brooks ; j’ai pas encore bien compris les différences entre les modèle route. J’ai lu je ne sais plus où (peut-être chez jason robillard) que les flow étaient plus adaptées aux « déjà » minimalistes ;)

    • Alors pour ma part le choix entre Connect et Flow s’est fait pour une simple question de pointure disponible :)
      Ensuite pourquoi pas des Hattori, pour 3 raisons :
      – Parce que j’ai déjà mes pieds nus, mes huarache et mes five fingers
      – Parce que je cherchais justement quelque chose d’intermédiaire pour pouvoir faire sereinement des séances ultra-violentes de VMA, ou des distances très longues, que je ne peux pas encore faire avec mes Vibram ou autres.
      – Et surtout parce que j’en avais marre de mes Asics et qu’il fallait bien que je les remplace par quelque chose !

      • très pragmatique :)
        Je te rejoins un peu dans le sens où si on passe son temps à lire les tests, on a plus le temps de courir…
        Par contre tu arranges pas mes doutes sur le choix en fonction de la séance…
        Après de longs débuts en vff / merrell, j’ai fait de la vma courte ou du spécifique semi (plus ou moins du seuil en fait)
        Tu ne fais pas de fractionné sans « amorti » ?

        Pour le long et plus par contre on est d’accord ;)

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