juin 122014
 

Samedi matin, j’ai pris le départ de l’Ultra de Côte d’Or, et malgré une certaine confiance en moi, l’abandon s’est imposé. Je suis très déçu : j’avais vraiment envie de faire cette course que j’avais adoré sur sa 1ère édition. C’était à l’époque mon 1er trail, et sincèrement, avec le recul, ce n’est clairement pas ce qui se fait de plus facile ! Néanmoins la décision était la bonne, j’en suis convaincu !

Un lever de soleil presque trop parfait

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J’étais tres enthousiaste sur cette course, avec pour objectif principal de réussir à avoir une gestion « propre » pendant 100km. Les 2 jours précédents, j’ai pris soin de boire environ 3l d’eau par jour. Avant le départ, j’avais préparé 1 gourde Simple Hydration d’eau et une autre d’Isostar, soit déjà 75cl (volume évocateur dans cette région !). J’avais également mis 1l dans le Camelbak pour la 1ère étape, avec intention de le remplir 1 fois ensuite pour avoir une réserve.

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Le départ est donné par l’adjoint au maire. L’ambiance est très concentrée, presque lourde, renforcée par l’absence de musique. Le Directeur de la course, s’il n’est visiblement pas le plus fun, est très pro et nous dispense quelques recommandations. Je démarre à 11km/h de moyenne sur les quelques premiers km de route avant de rejoindre les sentiers. C’est un bon rythme, mais je vais être prudent dans les côtes. On discute peu avec les coureurs autour de moi. Je suis à la hauteur des 2-3 premières féminines sur toute l’étape.

Nous progressons ensuite de vignes en single tracks, un chemin très plaisant, mais caillouteux, où l’inattention est vite sanctionnée. Un coureur chutera au 20è environ pour se casser (littéralement) le nez : quelques points de suture, et la course est finie pour lui.

Jusqu’ici tout va bien : je cours à mon rythme, souffle très calme. En échangeant un peu avec les quelques coureurs autour de moi, je suis content de voir que je tiens avec beaucoup de facilité le rythme de gars assez costauds. Pourtant je ne force à aucun moment. Je m’arrête 2 minutes pour ôter un gravier de ma chaussure (le fourbe, il a dû se glisser AVANT que j’enfile les guêtres !)

La nuit s’éclaircit, et il fait jour un peu avant 5h. C’est grandiose ! Des paysages à couper le souffle se révèlent sous les premiers rayons, avec la musique du chant des oiseaux. Aucune brume à l’horizon, le temps magnifiquement clair permet de voir aussi loin que le relief le permet.

On arrive à Pommard après 25km et 750mD+ que j’ai avalés en 2h35, le tout en transpirant très peu : je suis content ! Je prends le temps de refaire le plein, sans me presser. Comme prévu, j’ai vidé mes 2 gourdes (soit 75cl), pris 1 gel et copieusement entamé mon Camelbak. Je mange un peu pour caler l’estomac : 2 petits bouts de barre de céréale et 4 Tucs. Je repars après un peu plus de 5 minutes, m’arrête au bout de 200m pour prendre le lever de soleil en photo et reprends ma course.

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Pommard, un excellent cru, mais qui cogne un peu…

Mais environ 500m plus loin je sens un changement dans mon état. D’abord une sorte de somnolence, comme ce que je peux connaître au milieu de la Saintélyon. Cela s’intensifie graduellement. Je pense d’abord à une hypoglycémie, ce aui peut s’expliquer par l’allure. Je reprends un gel et repars en marchant. Je laisse passer 2-3 minutes et me remets à courir progressivement : ça repart de plus belle sous forme de vertiges. J’insiste un peu mais malgré un terrain facile j’ai du mal à tenir un pied devant l’autre. Je m’asseois 10 minutes sur une pierre pour laisser au gel le temps de faire son effet, puis repars très doucement. rien à faire, je n’irai pas plus loin !

Je marche donc en direction du prochain ravitaillement : tant que je ne cours pas, tout va bien. J’arrive tout de même successivement à accrocher 2 petits groupes qui m’escorteront jusqu’à Savigny lès Beaunes.

Je m’arrête, signale ma décision au PC et me rends au véhicule de la Protection Civile avec des médecins très sympathiques, pleins d’histoires intéressantes (quoique parfois trash). Je rentrerai ensuite avec la voiture balais.

Petite analyse de ma stratégie de course

La raison de mon abandon est évidente : j’inflige depuis mi-avril un surmenage à mon organisme qu’il m’a fait payer comptant. La dette se sommeil s’est cumulée à la nuit presque blanche précédent la course (je dors plus avant une Saintélyon, c’est dire !). À cela il faut ajouter une charge pro très importante, et les contraintes de la vie courante. J’ai beau être un surhomme (si, si), je n’en suis pas plus une machine !

Toutefois j’ai quand même pu constater que ma stratégie de course devient correcte. Je valide ainsi une alimentation variée, essentiellement liquide mais pas seulement :

  • quelques gels, de l’eau plate, de la boisson d’effort,

  • du solide par petites touches quand la fringale se fait vraiment sentir (je n’aime pas avoir faim),
  • une note salée en sortant de chaque ravitaillement

Tout ceci me permet de progresser à bonne allure sans inconfort. L’équilibre entre un camelbak d’appoint et les gourdes simple hydration me permet de boire à mon rythme et de contrôler correctement ce que j’absorbe, le tout sans trop me charger et sans perdre trop de temps au ravitaillement.

Enfin, le contrôle de l’allure par le souffle est un progrès immense. Je me ménage ainsi pendant les montées, peux relancer plus rapidement. Seule la descente reste délicate à bien gérer, mais j’ai une technique qui tient pas mal la route avec des appuis assez fiables (je pense que la foulée medio-pied m’a aidé à être efficace), et finalement je reste dans la course.

Un abandon n’est jamais facile. D’un côté on se fait violence pour continuer, d’un autre l’inconfort pousse à la facilité, et on sait que la frustration va être au rendez-vous. Malgré tout, je n’aime pas me mettre en danger. Rétrospectivement je je sais ce qui se serait produit si j’avais continué, mais les signaux s’accumulant (aujourd’hui encore), je suis convaincu d’avoir pris la bonne décision. Des courses, il y en aura d’autres !

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  2 Responses to “UTCO, chronique d’un abandon”

  1. Et oui, un abandon n’est jamais bon pour la tête, mais salvateur pour le corps.
    En tout cas, les photos sont sympas.
    Tu prendras ta revanche l’an prochain :-).
    ++
    Ermanno

  2. En fin de compte l’échec reste encore le meilleur moyen de découvrir ses limites. Et si rétrospectivement on arrive à en analyser les causes c’est que du bonus pour les prochaines courses : on apprend plus et on progresse plus de cette manière qu’en restant confortablement en deçà de notre potentiel.
    Enfin, je dis ça sans connaître, je suis plutôt dans la catégorie des prudents excessifs. Parfois à mon grand regret.

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