mar 062015
 

Les VFF et moi, c’est je t’aime moi non plus. Lorsque des gens me parlent de minimalisme, forcément nous parlons gants de pieds, chaussures à doigts, de grenouilles, de nu-pattes (ça, c’est mes gosses !)… Mais il n’y a rien à faire : moi qui me suis mis au minimalisme pour ne plus me blesser, avec ces trucs, il m’arrive toujours des déboires…

Premiers amours

Il y a 4 ans, mes amis m’offraient ma première paire. Des KSO trek que j’ai gardées 3 ans, et les ai usées jusqu’à la corde, jusqu’à ce qu’elles rendent l’âme. N’empêche… Les premiers amours sont éphémères, et au bout de 3 semaines je m’arrêtais pour cause d’un sérieux « top of the foot pain ». Au-delà du sens littéral, le TOFP est un symptôme à écouter sérieusement, celui d’une possible fracture de fatigue sur un métatarsien (souvent le 2ème, pour des raisons géométriques !).

Précautions d’usage

Nous étions en 2010 à l’époque, et quelques illuminés doublés de quelques as du marketing (il faut bien le dire…)  se lançaient dans la saga de la course primitive. Avec peu de recul, et laissant encore peu de traces sur la toile. Il n’y avait pas vraiment de mode d’emploi ! J’avais bien lu qu’il fallait y aller doucement, mais enfin après 4 ou 5 footings courts (5km environ), je me lançais dans 15km à travers le Causse du Quercy. Évidemment, c’était suicidaire. J’ai malgré tout pu, en remettant mes chaussures classiques, aborder mon premier marathon sereinement !

Je suis convaincu que ce qu’un facteur clé de succès dans la course à pied est de réussir à éviter les blessures.  Avec les VFF, j’ai ouvert la boite de pandore et entrevu les bienfaits du minimalisme. Je ne crois pas aux miracles, mais je suis convaincu que c’est une piste vraiment intéressante pour apprendre à courir, avec un travail en profondeur sur l’aspect traumatique de la course à pied. 1 an plus tard, n’aimant pas les échecs, je retente l’aventure. Entre temps, retours d’expériences (le mien et d’autres) à l’appui, je prenais la décision d’y aller pieds nus.

Courir pieds nus, toute une organisation !

Il y a plusieurs aspects quand on court pieds nus. Le premier, c’est de renforcer l’intérieur du pied : muscles, tendons, ossature, fascia. C’est un travail long, un peu risqué, mais durable, et finalement assez intuitif. On développe en même temps des capitons qui vont jouer le rôle protecteur de la semelle, et permettre notamment de courir confortablement sur tous les types de terrain.

D’autre part, la peau, la couenne, le cuir (mais pas de corne, attention !), ÇA c’est délicat ! Si ce que j’ai cité précédemment permet la constitution d’un réel capital anti-blessure, la peau au contraire est un acquis très volatile ! Arrêtez pendant 2 semaines de courir pieds nus : tout part en lambeaux, et il faut tout reprendre à zéro. Quelle ingratitude… Et c’est fastidieux de la reconsittuer, pour qui ne veut pas faire de concessions sur son entrainement. ll faut privilégier les séances plutôt lentes, et panacher avec des chaussures sur les séances rapides, et en tous cas savoir composer avec quelques ampoules dont certaines photos pourraient faire tourner de l’oeil les âmes sensibles.

Le fond du problème

Mais alors… Pourquoi NE PAS courir pieds nus ? Je n’ai pas beaucoup d’a priori sur la question. Peu importe le contexte, en ville, à la campagne, trail, bitume… L’environnement est souvent bien moins hostile que ce que l’on imagine. Mais l’hiver, il est toujours un moment où les routes sont salées, et ça, je préfère éviter. De même, pour els run le matin ou le soir, il fait généralement nuit, et là aussi, je suis assez prudent. Et puis… parfois on a simplement la flemme de sortir pieds nus, de braver le froid, lorsque sortir est déjà une épreuve.

Alors je chausse.

Bien sûr je me suis déjà amusé à courir plusieurs kilomètres dans la neige, c’est là encore beaucoup moins difficile qu’on le pense. Mais enfin, les sirènes du confort sont ce qu’elles sont…

Cendrillon, à la recherche de la pantoufle…

Pendant un moment, je me suis un peu cherché sur la chaussure idéale. Je m’en sers essentiellement en course : c’est un artifice qui permet de se rendre imperméable aux aléas du terrain qui peuvent parfois ralentir significativement la progression. Mais lorsqu’on court pieds nus, on devient difficile !

Pour un 10km ou même un semi, on recherche la légereté à tout prix. Là, je n’ai rien trouvé de mieux que les New Balance MR00, qui sont un véritable chausson. Pour les marathons, et uniquement les marathons, c’est malgré tout un peu juste en ce qui me concerne : j’ai donc opté pour des racer, des Asics A7, qui ont juste ce qu’il faut pour me permettre à chaque ravitaillement de dérouler franchement une foulée très arrondie pour détendre les mollets.

Les VFF, plutôt en appoint…

Lorsque mes New Balance ont rendu l’âme, j’ai repris des FiveFingers Bikila. Mais je me rends compte que ce n’est pas une chaussure que je peux utiliser durablement… Je les ai beaucoup utilisé ces derniers temps, voici mon retour de seconde expérience.

Les VFF ont beaucoup progressé entre mes 2 paires. 2 défauts notamment ont disparu : la semelle remonte un peu plus haut sur l’orteil et évite ainsi qu’on perce le mesh avec l’ongle ; par ailleurs elle a gagné en souplesse, et on tape moins. Mais tout de même trop… Ainsi, à la longue comme je les ai beaucoup mises ces derniers temps (avec une charge d’entrainement significative, 280km sur le mois de février), je vois reparaitre quelques signes discrets de périostite. Les Vibram ont cette caractéristique de ne rien amortir du tout, mais de masquer une partie des sensations. Pieds nus, la pose du pied est beaucoup plus douce… et cela sans y penser !

La question morphologique

Par ailleurs, j’ai le pied grec, c’est-à-dire le second orteil un peu plus long que le pouce. De fait, lorsque la réception est un peu brutale (par exemple en ville lorsqu’on traverse une zone de travaux en essayant de maintenir un 15.5km/h de moyenne), ce second orteil se retrouve à buter au fond de la chaussure, et à encaisser tout le poids du corps. Cela force sur la tête du métatarsien, qui peut se fêler. C’est la 2ème fois que cela m’arrive, et les 2 fois en VFF… Là encore, ce problème ne peut pas se produire pieds nus.

Donc les Vibram ne sont pas une solution pour moi. Finalement je reviendrais volontiers sur les New Balance, qui avaient quelques millimètres de semelle en mousse EVA, tout en étant parfaitement plates : c’est un bon compromis !

Mais alors, quoi ?

Les huaraches (sandales maison sur base d’une fine semelle de cordonnier) ? Oui… Mais comme je ne pense pas les mettre régulièrement, la corde qui passe entre les orteils a tendance à me blesser… En définitive je n’ai pas encore trouvé la solution idéale. 

Bref, le mieux est encore de courir vraiment pieds nus ! La suite l’hiver prochain ? En essayant de couper le pieds-nus le moins possible : c’est encore le plus simple !

  3 Responses to “Décidément, rien de tel que le nupattisme !”

  1. Bonjour ! Article super intéressant. Quand tu parles de  » top of the foot pain », avec la Vibram, tu pourrais m’expliquer exactement de quoi il s’agissait ? J’y suis peut-être confronté présentement… Merci d’avance.

    • Bonjour et bienvenue :)
      Si tu veux des explications, soyons précis. Mais avant, disclaimer : tout ce que je vais écrire n’est que le fruit de ma compréhension des explications de mon podologue David Leurion. Si tu as une douleur, fais la examiner par un spécialiste ! Reprenons.
      Pour les nu-pattes, il y a grosso modo 2 endroits où on peut subir une fracture de fatigue : la tête des métatarsien (jonction entre l’orteil et le reste du pied), ou un peu plus haut, à l’autre extrémité de l’os.
      En ce qui me concerne, j’ai eu par le passé une fracture de fatigue lorsque j’ai commencé les VFF sur la tête du 2è méta à gauche. C’est une douleur sourde, qui s’accompagne en général d’un oedème (je le vois surtout à la base de l’oreil, qui est tout gonflé). Si tu persistes à courir, la douleur est de plus en plus vive, vraiment sur le dessus du pied, jusqu’à ne plus pouvoir courir bien entendu, mais surtout jusqu’à vraiment casser l’os. La fracture de fatigue n’est en effet qu’une micro-fracture, raison pour laquelle j’ai toujours réussi à courir avec cette blessure, à condition de porter des chaussures « classiques ».
      Là, j’ai exactement la même douleur sur le pied droit. Mais cette fois je sais pourquoi : c’est dû à une mauvaise réception en traversant une zone de travaux à vive allure. C’était en train de se consolider, mais j’ai dû reformer la blessure hier en descendant un petit sentier, en retombant sur un caillou saillant que je n’avais pas vu : reparti pour un tour !
      De mon expérience : si la douleur est légère, cours en chaussures classiques (ou en chaussures « de transition », genre Brooks Pure) pendant 4 à 6 semaines, et tout ira bien !
      Pour le « vrai » TOFP, il s’agirait plutôt de l’autre extrémité de l’os. Là encore, ça provoque une douleur diffuse lorsqu’on court, vraiment lors de la réception. Cela m’est arrivé au début. En analysant un peu, j’ai trouvé que j’exagérais la pose sur l’avant pied : je courais vraiment sur les pointes. J’ai corrigé posant le pied plus à plat, vraiment sur le milieu du pied, sans attaque talon bien sûr : la douleur a disparu ainsi…

      J’espère t’avoir répondu, sinon n’hésite pas :)

      • Merci ! C’est éclairant. Je vais voir un médecin demain, donc j’espère avoir un diagnostic. J’ai eu un début de douleur sur le dos du pied il y a une semaine, et celle-ci n’a cessé d’augmenter, sans courir. Mais je ne la sentais qu’en marchant, pas au repos. Du coup, j’ai essayé de courir hier (avec les Vibram), et à partir de 2km j’ai commencé à sentir une douleur de plus en plus vive. Depuis, j’ai mal même au repos. L’origine de la douleur se trouve entre les métatarses du gros orteil et du 2e orteil, je crois. Je sens comme un volume enflammé, ou quelque chose comme ça. Mais la douleur irradie tout l’avant du pied.

        J’ai eu l’impression, moi aussi, de trop exagérer la course du l’avant du pied la semaine dernière. C’est peut-être la source du problème. J’espère pouvoir guérir vite (mais adieu la Marathon de Paris 2015 je pense !). Surtout que dernièrement ces Vibram ont aussi provoqué de fortes douleurs à l’un de mes genoux (pas sur la même jambe). Mais peut-être que ça n’a rien à voir avec ces chaussures, surtout qu’auparavant je n’avais que de super sensations avec…

        À suivre. Merci !

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