mar 122015
 

J’attachais une certaine importance à ce semi. Bien sûr il s’agit de l’étalon pour le Marathon. Mais c’est aussi un exercice particulier, où les Rougénoir sont assez nombreux pour qu’on essaie de courir en peloton. L’expérience de cette année a été vraiment intéressante !


Hypothèses de départ

J’ai déjà vu que les élites encourse ne courent pas régulièrement. Beaucoup gèrent leurs courses par à-coup. Leur premier objectif m’est totalement étranger : il s’agit de tester les adversaires et voir comment ils tiennent une accélération. Nous sommes à des années-lumière de jouer un podium, nous nous attachons au contraire à tenir le peloton pour passer un bon moment en groupe. 

Le second intéret de cette façon de gérer la course est une vision économique du temps. Économique dans le sens « distribution équitable ». Le semi de Paris a un profil en cuvette : on part d’un point élevé pour descendre à la Seine, et revenir à peu près au départ. Le dénivelé global est donc d’abord descendant puis ascendant, nonobstant les petites bosses parsemées sur le parcours. 

« Min: 4’/km Max: 3’35/km Avg: 3’50/km »

Je me suis globalement entraîné sur des allures supérieures à ce que je prétendais réaliser, à savoir 3’50/km au lieu des 3’55/km visées. L’inconvénient, c’est que je n’avais pas l’allure dans les jambes au départ. 

Chaos

La confusion du départ (sas préférentiel trop petit !) nous a empêché de partir en groupes. Cédric Charvin était bien placé, moi un peu moins, et mes acolytes Raphaël, Aïmad etc… encore derrière. Je passe le 1er kilomètre en 3’53, ce qui est l’allure cible : mais avec les bousculades, je sais que je vais trop vite. Je dépasse Philippe et Greg, c’est eux qui me reconnaissent. Ils sont partis prudemment, eux ! 3’41 » sur le second, idem sur le 3è. Ça va trop vite, ça ne tiendra jamais ! Je rattrape Cédric, lui tope l’épaule. En sur-régime, je ne m’accroche pas vraiment. Avenue Michel Bizot, je le laisse partir doucement. Je me recale sur un 3’50. À Bastille, je me laisse doubler et distancer par Raphaël, Aïmad & co : je suis à fond, ils vont encore plus vite que moi, ce n’est clairement pasm on allure. 

La voie de la raison

Arrive ensuite la longue et très agréable descente vers Hôtel de Ville, en suivant tout l’axe St Antoine. Je suis sur mon 3’53 de cible, je me laisse doubler gentiment. Nous contournons la Mairie, pour voir se dresser en ombres chinoises l’Île de la Cité, dominée par Notre Dame : c’est magnifique et cela me dope ! Je suis bien, je remets un petit coup de collier (3’50/km) jusqu’à Bastille. Je suis tout seul depuis Nation, et ça tourne correctement. 

Je sais que la suite est un peu délicate. J’ai mal anticipé mon gel, que j’aurais dû prendre en longeant le bassin de l’Arsenal : voilà ce que c’est que de ne pas regarder mieux le parcours ! Je perds beaucoup d’énergie à l’ingérer, et à m’occuper de la bouteille prise à l’entrée de Daumesnil. Je me calme, je mets bien 1500m à prendre prendre tout ça, me verser de l’eau sur la tête, boire quelques gorgées. Je sais que je lâche un peu d’allure : un mal pour un bien, je ne m’inquiète pas. 

On serre les dents !

Arrive la Mairie du XIIè. J’ai repris mon souffle. Je me laisse descendre jusqu’en bas de la mythique rue Taine (probablement autour de 3’45/km), puis remonte la bosse de la Porte de Charenton comme elle vient, vraiment sans forcer. Au final j’aurai fait ce kilomètre en 3’57, je suis content, je ne voulais pas déborder des 4’/km. Je suis vraiment bien pour gérer ce dernier tiers de course ! Le moral est au sommet, et je profite de la musique à chaque carrefour. Je me redresse, dynamise la foulée, reprends le contrôle. Je sais que le 1h22 est gagné ! 

Nous sommes Porte de Charenton, et j’aperçois dans le long virage mes collègues ! Là encore je me laisse griser ! J’éperonne la bête et me recale à 3’45/km, allure que j’espère tenir jusqu’au bout. Je rattrape Raphaël et essaie sans succès de l’embarquer avec moi. Je me sens comme sur un 10km (d’ailleurs je vais à peine moins vite). 15ème, 16ème, je tiens le rythme ! Aïmad pointe son dos. Je remonte tout doucement. Je vois Olivier Decorde loin devant, je le sais imprenable. Dans le faux plat du 17ème, j’essaie de tenir l’allure : ce sera mon seul excès d’optimisme, sanctionné par un point de côté fulgurant. Juste derrière Aïmad, je dois laisser tomber le rythme. Je perds 15″ sur ce kilomètre que je passe en 4′. 

Le dernier galop

On entre enfin dans le Bois de Vincennes, et je sais que c’est fini ! Je relance une fois encore. On longe l’hippodrome, léger faux-plat descendant, ça défile ! Je passe Aïmad et j’aperçois Cédric sur la droite, à une trentaine de mètres. Je me dis qu’il serait chouette de finir ensemble ! Je file. 18ème, 19ème, passe sous l’immense et décadente arche Ultraboost. Je me rapproche de Cédric, mais j’ai du mal ! C’est que lui aussi a senti l’écurie ! Dernier rond point, 1200m à parcourir. Je suis 3m derrière lui. J’envoie « Allez Cédric ! » dans le peu de souffle que j’ai. Ultime accélération, que je soutiens tant bien que mal ! J’allonge la foulée, je tire sur les bras, et dans un ultime effort arrive à me hisser à sa hauteur pour passer la ligne ! 1h21’05 à ma montre, le chrono officiel me donnera 1h20’59 ». Quelle course !

Dire que je me suis fait plaisir serait évidemment un euphémisme. L’objectif est atteint : décrocher un préférentiel « à la régulière » pour le marathon de Paris ! Bien sûr rien n’est gagné et le semi n’est qu’une étape, mais je commence à avoir un petit matelas de sécurité qui devrait me permettre d’atteindre les 3h quoi qu’il arrive !

Rendez-vous dans un mois ! En attendant… Du volume, encore du travail intense, et surtout, SURTOUT, apprendre l’allure cible (4’10) pour être dans les clous dès le 1er kilomètre !

  2 Responses to “[En 2′] Semi de Paris, éloge de l’irrégularité”

  1. Bravo mister !
    Mais l’histoire ne nous dit pas si c’était chaussé sur la chaussée ou déchaussé que tu as chevauché ?
    Ermanno

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