nov 142011
 

Cette année, j’ai franchi une nouvelle étape en parcourant mon 1er ultra, en Côte d’Or. Mais tout n’a pas été très simple puisque j’ai dû composer avec une périostite. Je vous propose un petit retour sur cette blessure, qui est le lot de nombreux coureurs.

Qu’est-ce que la périostite

Tout a commencé au mois de janvier. Habitué à courir 4 fois par semaine environ, avec une charge d’environ 180km/mois, l’euphorie de la nouvelle année et des objectifs longs m’ont engagé à une nette augmentation de mon rythme. Le verdict tombe fin janvier avec 250km parcourus. Je me sens néanmoins très bien, avec juste quelques courbatures en bas des jambes. Je mets cela sur le compte de ma dernière sortie longue.

Seulement voilà, au boit de 3 jours les courbatures sont toujours là. Je poursuis donc mon entrainement en revenant à un rythme plus dans mes habitudes. Mais rien à faire : la douleur persiste. Mi-février, je me décide à consulter. Après les courbatures, je pense à des contusions dûes à ma foulée, où parfois les chaussures viennent taper contre l’intérieur des mollets. Mais mon médecin du sport est formel : périostite. Il ajoute à cela : « Monsieur, je crois que vous avez atteint vos limites ! » Cher Docteur, je vais donc suivre votre conseil pour un rétablissement rapide et m’arrêter 1 mois. Néanmoins, vous me permettrez de douter de votre apréciation !

Revenons à notre paragraphe. Qu’est-ce que la périostite ? D’abord c’est une douleur fourbe, qui se fait passer pour ce qu’elle n’est pas (courbatures, contusion,…) qui se forme au niveau du tibia. Pour certain c’est plutôt à l’avant, pour moi c’est vraiment à l’intérieur, au-dessus de la cheville. La douleur est à un point très précis, douloureux à la pression. A l’arrêt elle se fait complètement oublier. Elle fait mal lorsqu’on commence à courir, et lorsqu’on s’arrête. Et le plus trompeur : la douleur s’atténue lorsqu’on accélère… (Eh oui, mais c’est que je ne vais pas courir des heures à 18km/h moi !). Enfin, souvent, la douleur est symétrique.

D’un point de vue physiologique, la périostite est une inflammation du tissus qui enveloppe l’os, le périoste. Elle est due à l’onde de choc répétée, toujours la même, lorsque l’on court sur le bitume (ou piste ou autre). A priori les trailers, qui ont des appuis assez inégaux, seraient moins sujets à ce mal. Un autre facteur serait une légère contracture du muscle tibial postérieur (autrement dit le mollet), dont la base située juste au-dessus de la cheville viendrait frotter contre le tibia et provoquer l’inflammation.

Comment guérir

Le remède est assez simple. Pour ma part je me suis arrêté complètement 1 mois. Au-revoir course à pied, bonjour piscine, et dans une moindre mesure vélo. Ce n’est pas ma tasse de thé (surtout en ce qui concerne la piscine), mais au moins cela permet de rester actif ! Et puis glace (à l’aide d’un cold pack) quotidiennement, 2 fois par jour, voire plus lorsque c’était possible. Enfin, un massage quotidien pendant 5 minutes avec un anti-inflammatoire. Consigne : « l’anti-inflammatoire, ça marche, à condition d’en mettre beaucoup et de masser longtemps. »

Cette méthode m’a permis de complètement faire partir la douleur, et de pouvoir aborder à peu près sereinement mon UTCO. Néanmoins, je constate aujourd’hui que j’ai gardé une certaine fragilité et que la blessure peut à tout moment devenir récurrente !

Comment l’anéantir, et pouvoir courir

Je vais ici vous décrire ce que j’ai fait pour pouvoir « jouer avec le feu » et courir malgré la résurgence de ma périostite. Bien entendu, je ne saurai que trop vous conseiller de consulter un médecin du sport et/ou un podologue. D’ailleurs ce strap me vient de David Leurion, podologue à Issy les Moulineaux. Cherchez le sur Internet, en associant à son nom le mot « barefoot », et vous comprendrez pourquoi je suis allé le voir… Néanmoins, en cas de crise, il faut bien avoir en tête que vouloir courir, même avec un strap, aura toujours tendance à ralentir considérablement la guérison.

L’objectif de ce strapping est de limiter les effets de l’onde de choc de la course. Il s’agit donc de faire une légère compression sur le point douloureux, et de gainer le mollet. Pour cela on utilise du Strappal, en largeur 2,5cm. Pourquoi du Strappal ? Parce qu’il n’est pas élastique. J’imagine que cela permet une bonne contention, sans devoir « serrer » la jambe. Il existe par ailleurs des équivalents (quoiqu’ils soient assez rares en 2,5cm de large), notamment chez Décathlon et autres : néanmoins pour avoir essayer plusieurs rubans, je trouve que le strappal donne les meilleurs résultats. Je l’applique en 2 versions :

  • La version « lourde », pour les périodes douloureuses et/ou pour les sorties longues (j’ai couru le marathon de Vincennes avec, et vais probablement l’avoir sur la Saintélyon).
  • La version « light » pour les petits entrainements, ou juste en légère contention.

On m’a également conseillé un massage très appuyé, avec une bouteille d’eau glacée par exemple. Le conseil est retrouvé de multiples fois sur internet. Mais pour ma part, je n’ai pas constaté de bons résultats… Je n’en parlerai donc pas !

Comment l’appliquer

Plutôt qu’un long discours, je vous propose quelques photos de mes mollets. C’est assez simple. Il faut juste garder en tête qu’aucune des bandes ne doit être serrée : il s’agit juste de coller l’adhésif. Enfin, je vous suggère les précautions suivantes :

  • Chaque segment passe par le point douloureux. L’ensemble se croise précisément en ce point.
  • Autant que possible, appliquer le strap sur la jambe tendue. Vous êtes ainsi plus près des conditions d’utilisation, et cela évitera que le strap ne se décolle.
  • Le port de manchons de compression (type BV Sport) augmente l’efficacité, évite les commentaires des autres coureurs, et empêche le strap de se décoller (néanmoins, même sans manchons, ça tient tout de même très bien…)
  • Je vous suggère de vous épiler avant, contrairement à ce que j’ai fait. Sinon… vous le serez de toute façon après !
Strap périostie #1

1ère étape : appliquer une bande le long du tibia, sur toute sa longueur.

Strapping périostite #2
On fait une 1ère croix sur le point douloureux
Strapping périostite #3

On fait une 2ème croix sur le point douloureux

Strapping périostite #4

Et on termine en faisant le tour du mollet, toujours sur le point douloureux.

Strapping périostite light

Et voici la version light !

Et sur le terrain ?

Pour ma part, je trouve que cela fonctionne très bien. Autrement dit : je sais que la périostite est toujours là puisqu’elle reste douloureuse à la pression. En revanche la douleur est largement contenue et tend à s’amenuiser avec le temps. Et quand vient l’heure de courir, c’est là que c’est génial : aux premières foulées, je ressens toujours la contracture qui est à l’origine de la péripétie. Et de fait le tibia est très légèrement douloureux. Mais au bout de quelques instants (2 ou 3 minutes, le temps de chauffer à peine la machine), tout disparaît définitivement pour la course. J’ai ainsi pu courir sans la moindre gêne le marathon de Vincennes et 2 sorties longues de 3h30 environ ! Mais je suggère tout de même de suivre les recommandations formulées avant les photos, faute de quoi il peut y avoir un certain inconfort.

Pour terminer, je vous recommande la lecture de l’article de David Verrière. Il présente une variante de ce strapping, avec un autre retour d’expérience.

Voilà, et bien sûr, je vous souhaite à tous de passer à côté de cette « charmante bibite », pour reprendre la terminologie québecoise dont on m’a fait part !

  5 Responses to “La périostite : ma comparse de 2011…”

  1. Merci pour ces precisions intéressantes …. Question indiscrete : tu chausses du combien? (la dernière photo est impressionnante !) Rien a voir avec la choucroute ! En tout cas tu es bien suivi avec Mr leurion comme podologue :) Bonne continuation alors !

    • Je prends mes running en 46,5 :)
      Et je suis allé voir D Leurion suite aux articles paru sur les différents blogs de la runnosphère. Je n’y suis allé qu’1 fois pour l’instant, la consultation a été particulièrement intéressante ! Comme tout médecin, j’espère ne pas avoir à y retourner : néanmoins si cela devait être le cas, ce sera avec un grand plaisir. Il a en tous cas définitivement remplacé mon précédent podologue. Celui-ci est très compétent (il soigne la moitié de mon club), mais n’est pas très « barefoot friendly »…

  2. très intéressant. merci !
    Pour l’instant j’ai toujours réussi à en attrapper juste avant les phases de « relâchement » de mes plans dont le repos relatif suffit à faire disparaître la périostite, aidé par la poche en gel à mettre dans le congel de chez décath. bien pratique comme truc…

    Mais c’était surement moins douloureux que toi. Il faut juste pas abuser des fractionnés en VFF ;)

    • Merci :)
      Le cold pack, ça, j’en ai un usage intensif, il y a toujours quelque chose à glacer ! J’ai eu une grosse crise sur la périostite, mais maintenant j’arrive bcp mieux à la gérer.

  3. […] que je n’ai jamais été stressé avant le départ de cette course. Je me mets en tenue, me scotche les jambes de manière préventive, et malgré l’heure (18h), j’enfile les manchons de […]

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